The Woman King : Quand le Dahomey s’invite à Hollywood

Voilà près d’un mois maintenant que le film tant attendu The Woman King est diffusé sur les écrans à travers les États-Unis et le Canada. Un film à gros budget, mettant en avant de redoutables guerrières africaines ayant réellement existé, au sein d’un royaume riche et prospère, lui aussi ayant été réel.

On ne peut que s’en réjouir et être excité à l’idée de se rendre au ciné !

Le synopsis en bref : Nous sommes en 1823. Nanisca (Viola Davis), cheffe du groupe des Agojie, guerrières et protectrices du royaume du Dahomey (situé dans l’actuel Bénin), mène son groupe vers des batailles pour libérer des femmes capturées dans le but d’être vendues en tant qu’esclaves par les guerriers de l’empire Oyo à des européens. À la suite de cela, le chef des Oyo, Oba (Jimmy Odukoya), se rend donc au palais du roi Ghézo (John Boyega) pour lui faire savoir son mécontentement, ce qui provoque une colère chez le roi Ghézo et déclenche une guerre entre les Agojie et les Oyo. En parallèle, de nouvelles recrues font leur apparition au sein du groupe de guerrières dont une certaine Nawi (Thuso Mbedu), au caractère bien trempé…

En quoi ce film nous fait du bien ?

R E P R É S E N T A T I O N

Que des femmes noires (ou presque) ! La plupart ont le teint foncé et le personnage principal est incarné par une femme à la couleur ébène. Des cheveux naturels, en veux-tu en voilà ! Des femmes qui attaquent, qui combattent, qui savent se défendre avec brio. Un royaume africain riche et prospère, ça nous change de l’image de misère et pauvreté des pays africains balancée dans tant d’autres films. Une communauté de femmes soudées jusqu’à la mort. C’est beau !

Pourtant, ça n’a pas plu à tout le monde…

En effet, beaucoup ont dénoncé le fait que le film ait minimisé le rôle que Ghézo et le Dahomey ont joué dans la traite négrière (c’est comme cela que le royaume a pu s’enrichir considérablement). De mon point de vue, le film ne nie pas l’implication du royaume dans la capture et la vente de personnes réduites en esclavage. Nanisca suggère d’ailleurs d’opter pour le commerce de l’huile de palme et d’arrêter celui des esclaves (sous-entendu que le Dahomey était impliqué dans la traite négrière). Cependant, certains ont pris cela très au sérieux et ont même appelé au boycott du film (article de CNN en anglais). On a reproché à la réalisatrice Gina Prince-Bythewood mais aussi l’actrice principale et productrice, Viola Davis, de ne pas avoir respecté les faits historiques.

Certes, le film est une fiction inspirée de personnages, histoires et royaumes réels, cependant, en aucun cas, il n’est catégorisé en tant que film historique. N’oublions pas qu’il s’agit d’un film américain, et que l’on retrouve les codes hollywoodiens d’un bon film dramatique et héroïque. Je peux comprendre que la traite négrière soit un sujet qui ne peut être pris à la légère et que donc cela ait pu déplaire à certains, mais delà à en appeler au boycott, je trouve ça intense. Viola Davis a déclaré qu’il lui a fallu 7 ans avant de trouver une boîte de production acceptant de produire The Woman King, and I mean, she’s not anybody !

Dans tous les cas, j’aurais été voir le film rien que pour voir et soutenir Viola Davis !

Oscar, Golden Globe, Emmy Award, Tony Award, pour ne citer qu’eux, c’est ce que cumule Viola en termes de distinctions (rien que ça !!!). Je l’ai découverte dans le film La couleur des sentiments (The Help en anglais), dans lequel elle joue le rôle d’une domestique qui travaille au sein d’une famille blanche, dans le Mississippi des années 60 (encore très ancré dans la ségrégation raciale). J’ai tout de suite remarqué son jeu d’actrice de haut niveau.

Mais bien évidemment, je me suis accrochée à son merveilleux rôle d’avocate et professeure de droit dont la vie est remplie de secrets et traumatismes : ANNALISE KEATING dans How To Get Away With Murder. Sa performance dans cette série m’a bluffée. Son personnage était aussi arrogant et manipulateur que brisé et vulnérable (voire misérable). Et je pense clairement que cette série a marqué un tournant dans la carrière de Viola Davis. Une chose que j’ai particulièrement aussi aimée, c’était le contraste avec son personnage de domestique dans La couleur des sentiments. Ici (dans Murder), nous avions à faire à une femme noire, éduquée, riche, respectée voire crainte, désirée et même enviée. Bien sûr, sous cette façade se cachait un personnage en souffrance, cela dit, le rôle de base brisait les codes et enlevait le poids des enjeux de racisme et sexisme.

Dans The Woman King, on soulève la question du patriarcat, des violences faites aux femmes, de la domination masculine, entre autres. Cependant, on met plus en avant la force, la puissance féminine, la sororité, la communauté, ET ÇA FAIT DU BIEN !

Oui, l’esclavage est évoqué mais de façon bien plus subtile que dans de nombreux autres films. L’histoire principale demeure celle des Agojie : des combattantes hors du commun, mais qui restent humaines malgré tout.

Et c’est, personnellement et principalement, ça, que j’ai retenu après avoir vu ce film.

Et toi qu’en as-tu pensé ?

Nanoushka.

 
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