Résister autrement
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Se reposer, c’est resister.
Se sentir apaisée, c’est résister.
Être dans la joie, c’est résister.
Le jeudi 29 mai 2025, j’ai assisté à un atelier-discussion Ron Kozé (je vous invite fortement à suivre la page Instagram) animé par mon ami Jordy Belance qui avait pour thématique Le repos comme forme de réparation. Nous avons eu des échanges très très intéressants sur la résistance, la réparation, la lutte, l’émancipation et on s’est demandé quelle place a le repos dans tout ça ? Y a t-il même une place pour le repos dans le combat que l’on mène ? Car il est vrai qu’être noir·e en 2025 semble toujours être problématique et que dans beaucoup de territoires (#antillesFR), la domination coloniale est encore bien présente. Il faut donc continuer à lutter pour réellement atteindre respect et totale liberté.
Bien que je sois complètement en accord avec cette dernière phrase, j’estime cela dit que le repos, l’apaisement et la joie sont des leviers de résistance tout autant légitimes. Les corps noirs ont trop souffert. Les corps noirs ont beaucoup trop été exploités. Les corps noirs ont été totalement usés. Nos ancêtres, mes ancêtres ont travaillé durement sans être rémunéré·es et se sont battu·es pour qu’aujourd’hui, moi-même mais aussi ma fille puissions jouir du privilège de reposer nos corps et nos esprits. C’est pour moi une façon de leur rendre hommage, de leur dire MERCI. Merci pour votre sacrifice, merci pour votre combat, merci pour votre résistance.
Peut-on se reposer sans être dans le déni ? Peut-on se sentir apaisée sans faire comme si de rien n’était ? Peut-on être joyeuse quand d’autres souffrent ?
Je ne crois pas que dans la vie tout soit noir ou tout soit blanc. Tout est nuancé selon moi. Il y a des vagues, des moments. Bien entendu que l’idée n’est pas de fermer les yeux sur l’actualité et ne jamais prendre parti, ne jamais se prononcer sur des questions de justice sociale, raciale, des génocides et toute forme d’oppression. Cependant, je pense que pour être en mesure de lutter, il faut être reposé·e. Lutter à s’en épuiser ne mène à rien à mon humble avis. En réalité, ça arrange même les oppresseurs qui se disent que nous finirons par nous fatiguer et que nous n’aurons plus la force de nous battre. Le système dans lequel on vit est fait ainsi. Le capitalisme consiste à nous exploiter, nous user jusqu’à notre mort. Et c’est donc à ce moment là que pour moi, se reposer c’est une forme de résistance. Je reprends les mots de Tricia Hersey et de son merveilleux livre Rest Is Resistance qui m’a fait remettre beaucoup de choses en question, notamment mon mode de vie et ma façon de gérer des projets.
C’est difficile de ne pas être productive, de ne pas être dans la performance, de s’autoriser à ne rien faire. Nous avons tellement intériorisé que se reposer = procrastiner qu’il nous est quasi impossible de nous accorder des moments d’ennui. Par ailleurs, à l’ère actuelle, nous sommes constamment stimulé·es, on cherche par tous les moyens à se divertir, à occuper notre esprit. Et quand on se dit que l’on va prendre un moment pour nous #selfcare, on va très probablement finir par dépenser de l’argent.
Mais imaginez deux minutes si chaque personne était pleinement reposée, apaisée et agissait pour le bien de sa communauté. On pourrait enfin en finir avec le capitalisme ! Imaginez si on prenait le temps de prendre soin les un·es des autres #communitycare. Imaginez comment notre santé mentale et physique s’améliorerait. Est-ce naïf, utopique, de croire en cela ? Probablement. Mais c’est ce que je souhaiterais inculquer à ma fille.
Se reposer, c’est s’émanciper de la culture de l’hyperproductivité. C’est se débarrasser de la pression de devoir performer. C’est aller à l’encontre des attentes de la société. C’est se choisir. Choisir de libérer son corps et son esprit.
« Your body is a site of liberation. It doesn’t belong to capitalism. Love your body. Rest your body. Move your body. Hold your body. »