Portrait de femme : Tsippora Sidibé

Créatrice de contenu digital et fondatrice du podcast Tant que je serai noire, peux-tu nous en dire plus sur ton parcours et comment t’es venue l’idée du podcast ?

Après 7 années dans le conseil j’ai décidé de lancer le podcast Tant que je serai noire en 2020. 2020 a été l’année de mes 30 ans et c’est aussi l’année durant laquelle je me suis dis qu’en tant que femme noire qui ne veut pas d’enfant je ne dois pas être la seule qui se prend des réflexions par rapport à ce choix.

C’est alors que j’ai commencé à faire des recherches et que j’ai trouvé peu de témoignages de femmes noires childfree. Puis après plusieurs mois de lecture sur le sujet j’ai voulu ouvrir le sujet et m’interroger sur la notion même de désir et non-désir d’enfant des femmes noires et ainsi proposer un espace bienveillant de libre parole dans lequel je décortique avec mes invitées le rapport à la maternité des femmes noires.

En quoi était-ce important pour toi d’évoquer le sujet du désir de non-maternité ?

Ce sujet partait d’un questionnement personnel et d’un manque de représentativité. Aujourd’hui, des femmes noires françaises comme Rokhaya Diallo affirment le non-désir d’enfant mais en 2020 il n’y avait aucun témoignage de femmes noires françaises. Au début je voulais égoïstement trouver des récits de femmes childfree pour me sentir moins seule. Aujourd’hui je suis dans une démarche d’archivage pour que de jeunes femmes puissent avoir accès à des récits intimes de femmes noires françaises qui ont existé.

Quels ont été tes plus grands défis en tant que femme noire childfree ?

Au début, j’ai quelque peu eu de la pression par rapport à mon désir de non-maternité, venant notamment de ma mère mais aujourd’hui, rares sont les personnes qui me mettent la pression pour dire vrai.

Aussi, je ne sais pas si l’on peut parler de défis mais je dirai que le plus grand défi a été de trouver des récits de femmes noires childfree en France.

Je trouve que l’on parle encore trop peu des effets psychologiques de tout ce qui touche à la grossesse et la maternité. Selon toi, que pourrait-on mettre en place pour y remédier ?

La libération de la parole notamment sur les réseaux sociaux permet effectivement de lever le tabou sur la maternité. Après c’est vrai que plus de soutien aux nouvelles mamans, que ce soit une présence, une aide pendant les premiers mois pourrait aider les femmes à souffler et ne pas se retrouver seules avec leur enfant. Comme le rappelle l’autrice Renée Greusard, ce n’est pas normal de laisser une femme seule avec son enfant sans accompagnement alors qu’elle vient de donner la vie, manque de sommeil, vient d’avoir une chute d’hormones etc …

Le nom de ton podcast Tant que je serai noire est tiré du livre du même nom de Maya Angelou. Que signifie pour toi être une femme noire dans notre société actuelle ?

Etre une femme noire dans notre société c’est encore faire face à plein de clichés. C’est encore devoir se battre pour raconter son histoire et ne pas être définie par l’autre. C’est affronter les injustices vécues dans une société à majorité blanche et devoir répondre aux attentes de nos communautés respectives.

Mais par ailleurs, pour rien au monde je ne voudrais changer qui je suis.

Pour finir, travailles-tu sur d’autres projets et qu’aimerais-tu accomplir de plus ?

La saison 4 du podcast vient de se terminer. Je viens d’être sélectionnée par le programme d’accompagnement de Google Podcast. Grâce à cet accompagnement de 6 mois je souhaite upgrader le podcast … Stay tuned !

Pour en savoir plus sur Tsippora et sur Tant que je serai noire :

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