Portrait de femme : Tessa Naime

Autrice, conseillère en édition, fondatrice du magazine NEG, Tessa peux-tu nous raconter ton parcours ?

Je ne suis pas devenue écrivaine. J’ai l’impression d’être née ainsi, et d’avoir assumé (à un moment donné) cette position, cette vocation, ou mission peut-être. Du coup, j’écris depuis l’enfance, j’ai écrit un mini roman fantastique à l’âge de 11 ans, et après des années de silence, ou plutôt des années à tenir un blog littéraire discrètement, j’ai enfin publié un livre, à l’âge de 21 ans. 

Je viens d’une petite île, la Guadeloupe, où les gens sont liés par une forme de mix culturel et spirituel. J’ai grandi et vécu la majeure partie de ma vie en  région sud-basse terrienne, et plus précisément, à Baillif, une petite commune un peu absente du décor médiatique.

Baillif… Les gens y passent mais ne s’arrêtent pas vraiment, sauf sur le bord de mer pour contempler les couchers de soleil. Pourtant, c’est une commune qui est chargée en Histoire ! J’ai eu une enfance tranquille, dirais-je,  si l’on prend compte de la réalité de nos territoires. Une enfance entrecoupée de deuils, et de déchirures.  J’écris, j’écris de la poésie jusqu’à m’être rassasiée de poèmes.   

Après l’école, je m’oriente vers une licence de Droit à l’Université des Antilles, mais je réalise, en deuxième année, que cela ne me correspond pas. Le concept de justice dans notre société, je le remets très vite en question. La rupture avec la poésie s’opère à cet instant de ma vie. C’est sur ces notes pessimistes que je quitte la Guadeloupe pour la France. Je m’installe à Strasbourg, où j’étudie les  Sciences du Langage, mais je passe la plupart du temps à écrire mon (premier) livre. La France est le lieu où je ne me suis jamais sentie à ma place, en vérité. C’était la même France que j’avais connu dans les années 90, alors que j’étais JEUNE mais assez mature pour décerner le racisme. Alors, je n’y reste pas non plus. L’esprit autonome et nomade reprend le dessus.

En 2017, je me rends au Québec, à Sherbrooke, alors que je ne connais personne là-bas. J’ai envie d’être dépaysée.  D’ailleurs, j’y trouve ma voie. J’étudie la littérature caribéenne, les langues étrangères (anglais, espagnol, italien, créole haïtien), la communication et je m’initie à la traduction. En été 2018, je reviens quelques mois en Guadeloupe pour entamer une série de courts-métrages sur la Femme guadeloupéenne, avec le réalisateur Lucas Sousseing. Un projet qui me permet de faire connaître mon nom au public. C’est à ce moment-là, que les quotidiens locaux se sont plus intéressés au personnage Tessa Naime. À mon retour au Québec, j’ai très envie de poursuivre mon œuvre.  J’accumule quelques jobs en parallèle de mes études, qui changent ma vision du monde : Tutrice en littératie, Accompagnante des enfants autistes, Préposée aux personnes en fin de vie… 

En 2020, je rencontre une Femme professeure, à l’Université de Sherbrooke, Mme Martelly, qui me fait découvrir les Théories postcoloniales. Et là… Je crois que j’ai été profondément touchée par tout ce que j’étudiais. Les théories d’Edward Saïd, Frantz Fanon (que je connaissais déjà), les documentaires de Raoul Peck, Amandine Gay, Rodnie Désir, les bouquins de Ta-nehisi Coates, et surtout les écrits de ma prof, Mme Martelly. Ça  débloque quelque chose, que je ne parvenais pas à exprimer depuis l’enfance. En 2021, je prolonge mon visa pour travailler, sans savoir que je vais quitter le Québec quelques mois après. Une maison d’édition m’embaûche comme Assistante à l’édition numérique,  et tout se passe bien. Je découvre le métier qui me stimule.  Pourtant, la période de pandémie m’interroge sur mon avenir, en tant qu’expatriée, au vu de toutes les mesures restrictives et de tous les mouvements de contestations. Loin de ma famille, loin de la vision, loin de la Culture guadeloupéenne, loin de tout ce qui m’anime finalement. Et puis… En fin d’année, je reviens en Guadeloupe, impulsivement !

 Mon expérience québécoise a été riche, difficile, émancipatrice, mais l’essentiel pour moi c’est que j’ai pu être diplômée, intégrer le monde de l’édition, collaborer sur des projets artistiques, m’initier à la création théâtrale, et finalement créer mon propre magazine, NEG.

NEG se définit comme une revue « de résistances intellectuelles, artistiques, postcoloniales des sociétés post-esclavagistes des Antilles françaises ». Comment t’es venue l’idée de créer cette plateforme et en quoi est-ce important pour toi de mettre en avant des personnes engagées dans le mouvement de décolonisation des mentalités, corps et territoires ?

La revue NEG prend forme pendant un mois d'hiver québécois. En cours de Théories postcoloniales, la prof nous demande de réfléchir à un projet de recherche-création, pour notre évaluation finale. Au fil des jours, j’entends les autres étudiants parler de leurs idées, mais moi je n’ai aucune vision. Je bloque. Je me disais “Ka i té voyé mwen ?!” [Qui m’a envoyé ?](Rires). En plus, je suis la seule Noire, et la seule étrangère de la classe, donc je me mets déjà une forme de pression. Est-ce que je suis la mieux placée pour aborder le Québec et ses problématiques raciales ? Est-ce que j’ai même envie de parler de la situation des premiers peuples (dits autochtones) ? Est-ce que je peux occuper un espace d’expression qui n’est pas le mien ? Qu’est-ce que j’ai le droit de dire, de faire ? Pfff… Un soir, à la maison, je tombe sur une publication IG sur le scandale du chlordécone, et ça heurte ma sensibilité. J’entendais parler de cette contamination excessive de nos sols et de nos corps, mais je n’avais aucune idée des dessous de l’affaire. Donc je me renseigne, et je me décide à traiter du sujet. Là, je me sens à ma place, puisque ce scandale sanitaire nous concerne NOUS, antillais, que l’on soit expatriés ou non !  Très vite, je réunis des recherches, des informations, des photographies, des comptes instagram dédiés à la question du Chlordécone. Comment réunir tout ça ? Sur quel support ? Et pour quelle visibilité ?  C’est là que l’idée d’un magazine/une revue se présente, et j’en parle à ma prof qui valide tout de suite le projet.

Il me reste un mois pour contacter les intervenants, militants, artistes, écrivains, et malheureusement, je n’ai pas pu contacter tout le monde. J’ai eu des retours très vite, des échanges, des œuvres, des témoignages. Je me suis énormément documentée pour ce projet de recherche-création !  Il n’y avait pas de place dans une simple revue pour tout ce que j’avais recueilli… Mon peuple est réactif, et infiniment créatif, c’est dingue !  Je crée la revue, je crée le site ensuite. Je publie le projet. Les gens le reçoivent vraiment bien.  Je crée l’instagram quelques mois plus tard, et l’aventure continue simplement.

Lorsque l’on me demande pourquoi j’ai créé cette revue, je me demande si j’aurais pu faire autrement que la créer. Nous sommes à l’ère d’une émancipation médiatique massive, si je puis dire. De nouveaux médias émergent, et par conséquent, de nouvelles idéologies, de nouvelles références, de nouvelles visions.  C’est là toute l’importance de créer un média : c’est former une nouvelle génération d’hommes et de femmes avec leurs propres références, autres que celles que nous, les anciens, avons connues. Je n’ai pas grandi avec des Grandeur Noire, des Identités Caraïbes, Fanm ka chayé ko, Lang Kreyol, Reines des Temps Modernes, etc… Moi j’ai grandi avec du Be World Connection, certes !  Mais j’ai connu trop peu de références, trop peu de médias où l’affirmation identitaire et culturelle était perceptible. J’ai l’impression que ça a manqué à mon processus de construction identitaire. Pourquoi est-ce important de valoriser des personnes engagées ? Parce que le peuple se compose de ces personnes justement engagées, et de personnes qui ont besoin de voir l’engagement des autres, pour s’engager à leur tour envers leur île. Parce que l’héritage se doit d’être créé et légué le plus authentiquement possible. Parce que se décoloniser c’est s’aimer et aimer ce qui est fait pour l’émancipation de notre péyi. Parce qu’il faut dominer l’espace d’expression, et le rendre accessible aux voix marginalisées. Il y a des parce que à n’en plus finir….

Dans ton texte très riche et militant Adieu Québec, tu évoques, entre autres, ton expérience en tant que femme, noire, afro-caribéenne, de nationalité française, au Québec. Peux-tu nous décrire brièvement cette expérience et ce que tu en retiens ?

Ah ! Le Québec… Par où commencer ? (Rires). Mon avis est, et sera toujours mitigé sur la vie au Québec. Si je dois parler de l’expérience québécoise, je pourrais aborder la culture de l’opportunité, l’immense place donnée à l’art, l’espace d’expression confié à Haïti, et tout ce qu’offre le fait d’étudier en université québécoise francophone (plus de moyens, plus de filières, plus de pédagogie).  Mais, je retiendrai surtout derrière cette façade : le racisme non assumé, le révisionnisme québécois, la propagande, la manipulation médiatique, et l’irresponsabilité du gouvernement envers les immigrés.  Et si je dois même témoigner de l’expérience féminine noire, là-bas, je dirais que cela a forgé la Femme que je suis aujourd’hui.  Ma créativité s’y est décuplée, mon goût pour la Résistance aussi.  

Le texte “ Adieu Québec ! (Le cahier d’une étudiante noire)”, a été évalué, à l’Université de Sherbrooke. Il est né d’une profonde colère. Mon professeur l’avait trouvé assez violent…  En étant afro-caribéenne, et issue déjà d’un territoire colonisé, on ne réalise pas forcément la violence verbale, morale, que l’on peut recevoir dans une société majoritairement blanche. Ce n’est pas pour rien que nous sommes étiquetés “ Minorité visible” dès notre arrivée, et que cette case nous devons la cocher dans les formulaires,  dans les programmes de bourses, dans les procédures d’embauche. Partout, cette société québécoise te rappelle que tu es en “minorité”, et que tu es “visible”, donc susceptible de vivre ce que la majorité ne vit pas.  Elle te rappelle aussi que tu n’es pas chez toi, que ce soit dans les dérapages des journalistes, des dérives dans le milieu académique ( la controverse d’Ottawa), tous ces déguisements du racisme sournois qui subsiste là-bas.  Elle mise tout sur l’intégration, mais comme je me plais à le dire : l’intégration n’est qu’une version édulcorée de l’assimilation. Dans l’article “ Lc concept d’intégration”, l’intégration est défini comme un « rapport social inégal entre l’individu ou le groupe, le minoritaire, à insérer dans un groupe encore plus grand, le majoritaire »  Car il faut s’intégrer, mais il ne faut pas déborder du moule dans lequel on te glisse. La bonne intégration c’est aimer le pays, aimer ce qu’il t’offre, épouser le mode de vie et la pseudo-culture,  sans jamais dénoncer ce qui ne va pas, parce que si tu dénonces, attends-toi à ce que l’on te demande pourquoi tu n’es pas resté dans ton pays… (Rires).  

Lorsque la controverse d’Ottawa voit le jour et que les professeurs blancs signent une pétition sur l’utilisation du mot “nègre” en contexte académique, personne ne nous demande notre avis, à nous, les noirs d’ailleurs, à qui l’on demande de s’intégrer. Donc le Québec a besoin d’immigrés, mais il n’est pas prêt à se positionner pour assurer la sécurité de ces immigrés ?  C’est violent, mais prévisible. Que veux-tu espérer d’un pays qui n’a reconnu qu’en 2020, l’esclavage des Africains sur ses territoires, ou encore le programme de recrutement des domestiques antillaises ?  Quelle est la place de la Femme Noire dans cette société ? Comment est-elle considérée ? 

En 2021, j’ai été conviée à des tables rondes, et des réunions sur la situation des afro-québécois, et lors de ces échanges, j’ai compris que si l’afro-québécois ne trouvait pas sa place, là où il né, ce n’est pas moi qui aurais pu y trouver ma place ! Ni fonder mon foyer.  Peut-être que mon petit cœur en révolution, n’avait plus la force de rester là-bas. Je suis venue, j’ai pris ce que j’avais à prendre, je suis repartie là où je suis aimée, désirée, entendue, en tant que Femme Noire, même si nous avons aussi nos luttes féminines à mener, en Guadeloupe.  Alors Merci Québec! Mais, Adieu Québec

En fin d’année 2021, la Guadeloupe et la Martinique ont connu un mouvement de protestation important. Dans un monde idéal, quel avenir imagines-tu pour nos îles ?

Dans notre société, où l'idéal n'a pas encore vu le jour,  90% de guadeloupéen(ne)s sont contaminé(e)s au chlordécone, plus de 40% de personnes sont en situation de précarité, avec 45 % des moins de 35 ans ayant un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté… Et si l'on poursuit la liste de problèmes auxquels chaque foyer est confronté directement ou indirectement : le chômage, la hausse des violences intrafamiliales et  violences sexuelles sur l'année, le taux de suspension du personnel soignant, un système de santé qui dégringole,  l'impact de la pandémie sur notre PIB, le manque d'accès à l'eau, la précarité étudiante, un système carcéral défaillant, une éducation scolaire pénalisée, une mise en danger de l'héritage culturel et artistique…  En 2022,  il y a encore  des personnes n’ayant pas accès à l’eau, et des politiciens que l’on a dé-culpabilisé de leur rôle dans la mauvaise gestion du budget de l’eau.  Il y a un taux significatif  de détournements de fonds publics, et l’on s’étonne du  60 %  d’absentéisme aux dernières élections. À qui peut-on faire confiance ? Il y a eu des jeunes, mobilisés durant les mouvements de protestation. Des jeunes profondément en désaccord avec l’état du pays. Nous sommes essoufflés par ces problèmes. Les Guadeloupéens n’étaient pas dans la rue, par plaisir. Ils ne sont pas révoltés par égocentrisme. Révolté… Il y a de quoi l’être quand tu es incapable de vivre décemment, et que tu payes les erreurs de ceux qui sont au pouvoir.  

Dans “mon” monde idéal, la Guadeloupe et la Martinique seraient déjà beaucoup plus unies et ce, en dépit des clivages raciaux et sociaux, des différences culturelles, et malgré les constructions identitaires propres à chacune.  Je vois un avenir commun pour ces îles, où l’intelligence collective serait mobilisée, et  la participation des jeunes dans la vie politique serait renforcée.  Je songe à une Guadeloupe libérée de l'occupation française. Mais, le concept de l'indépendance se doit d'être maîtrisé avant d'être cité. Pourquoi l'évolution statutaire de notre île peine-t-elle à se mettre en place? La thèse de Michelle Martineau devrait nous apporter quelques réponses, à ce sujet. 

En tout cas, j'imagine une Guadeloupe qui jouit enfin d'une souveraineté culturelle, au sein de ses institutions qu'elles soient éducatives, religieuses, politiques. Cela sous-entend la primauté de notre culture sur toute autre culture occidentale, mais également un travail de fond sur notre construction identitaire. Je vois une Guadeloupe où l’élitisme culturel ne serait plus un frein à l’ascension des jeunes auteurs et jeunes artistes, en plus d’un réel investissement sur la littérature antillaise, et sur le circuit de l’édition qui, à ce jour, se limite encore.  Une Guadeloupe où l’entrepreneuriat continue de fleurir, puisque les jeunes adultes ont déjà compris qu’il faut créer des entreprises, des emplois, et contribuer à l’économie du péyi. (Il y a une hausse de l’emploi salarié depuis 2018.) Bien sûr, je souhaite que l’on réduise à néant nos inégalités de richesses, n’est-ce pas utopique au sein d’un modèle capitaliste ? Cela ne doit pas être un prétexte pour ne pas réduire les écarts entre les foyers. J’aimerais que l’on étudie plus le concept de violence, que l’on s’intéresse plus à l’origine de cette violence sociale avant de chercher à la résoudre.  Et puis, pourquoi pas,  une Guadeloupe où l’autonomie alimentaire ne serait plus à débattre ?  Il y a tellement de choses à faire  pour un avenir meilleur.

Tu es rentrée en Guadeloupe en fin 2021. Comment vis-tu le retour aux sources et te projettes-tu à long terme ?

Le retour au péyi, c’est un retour spirituel, artistique, intellectuel, un retour à soi-même, en tant qu’afro-caribéenne,  avant même d’être un retour en famille. On redécouvre la Terre qui nous accueille, on se redécouvre soi-même après un long moment d’absence. Il y a une forme d’introspection qui s’opère lorsqu'on rentre chez soi, et celle-ci m’a bouleversée de l’intérieur.  Je ne pensais pas revenir après 5 ans de vie, à l’étranger, étant persuadée que ça prendrait plus de temps d’être prête à revenir.  J’ai ressenti une libération d’être à nouveau ici, comme si je me rapprochais enfin de ma vision de l’avenir. J’étais partie, mais même à l’étranger, je parlais de la Guadeloupe, je parlais d’un retour prochain, je parlais de mon envie d’y poser mon Foyer. Je ne me voyais nulle part ailleurs fonder ce Foyer.  

 Alors c’est un retour aux sources immuable, que je vis en pleine conscience, en pleine résistance, en pleine résilience parce qu’il a fallu aussi se confronter aux réalités du péyi.  J’arrive en décembre 2021,  en pleine crise sociale ! Les gens luttent déjà contre les politiques vaccinales, contre la vie chère, contre les pénuries d’eau, et bien d’autres problèmes. Certaines structures sont en grève. Certaines communes sont barrées. Pointe-à-Pitre est encore occupée par des ordures, des résidus des mouvements sociaux. Le CAC est déjà occupé par nos artistes, et l’art sublime déjà la ruine. C’est une période où la Guadeloupe prend feu, où les militants se font frapper dans les rues, où les politiciens commencent déjà leur propagande pour les futures élections.  J’arrive en plein chaos, et pourtant comme c’est chez moi, ça ne m’effraie pas plus que ça. Toutes les violences du Monde pourraient m’effrayer, mais pas celle de la Guadeloupe. 

Je ne me vois pas vivre autre part qu’ici. Cela sous-entend qu’il faut s’adapter à la réalité économique, culturelle et politique. Le mois dernier, je suis devenue micro-entrepreneure, après une déception professionnelle. Marre des promesses d'embauche, marre de l’exploitation, marre d’une  dépendance financière, marre de devoir nourrir les autres, sans me nourrir personnellement. Je veux créer mon propre héritage. Je vais travailler avec des structures, mais ne plus dépendre d’elles. Ce n’est pas simple, c’est nécessaire. L’ avenir est flou, mais il est certain.

Pour finir, quels sont tes projets à venir et que souhaites-tu accomplir dans les années à venir ?

Les projets, les projets ! Il y en a tellement. En ce moment, je travaille sur un projet d’exposition, en collaboration avec un créateur de contenu, atypique et talentueux ! Nous partageons une belle connexion artistique, et cela devrait donner lieu à quelque chose de grand et de fort.  D’ailleurs, nous avions déjà collaboré ensemble à l’époque, sur mon projet “Fanm Kreyol”. J’aimerais spoiler, mais je préfère laisser le Temps dire les choses. 

J’aimerais, ensuite, me concentrer sur l'illettrisme et l'alphabétisation, chez nous. Mettre en œuvre plus de formation, plus de prévention, plus de sensibilisation, moins de tabou autour de ce sujet ! On ne parle d'illettrisme que lorsqu’il s’agit de la langue française. Pourtant, ne pas écrire ou lire le créole, c’est aussi un manquement considérable.  L’ émancipation noire passe aussi par une émancipation du langage.  Il faut former puis mobiliser l’intelligence collective. Ce sont des problèmes qui se règlent chez nous, et par nous-mêmes.

Le plus important c’est que mon prochain livre devrait être publié ce mois de Juin, mois de ma vingt-huitième année. Ce projet d’écriture me prend la tête, puisque j’y ai mis tous mes maux de jeune femme émancipée, qui continue de s’émanciper en même temps que son peuple. Il recueille plusieurs travaux universitaires, plusieurs écrits, et essais des années 2020-2021, avec une dimension théâtrale. Des mots que je n’ai jamais souhaité partager jusqu’à maintenant.  Cela fait plus d’une année que je tiens ce livre du bout des doigts sans l’avoir dévoilé au public. J’ai eu des doutes quant à la publication, et le mode d’édition, parce que ce livre est différent… Il diffère sûrement de ce que j’ai déjà réalisé, de ce que j’ai déjà édité. D’ailleurs, mon éditeur n’en sait rien ! (Rires).

Pour en savoir plus sur Tessa et sa revue NEG :

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